L'amie Nolta
Dès que je l'ai eue dans mon viseur, je me suis dit, cette fille est un vrai Canon. Comme j'en ai déjà vues beaucoup, je reste objectif en le disant.
Il fallait que j'aie le bon réflex et ne pas faire trop cliché.
J'ai vérifié dans un miroir si mes cheveux n'avaient pas de pellicules, histoire de faire bonne impression. Il paraît que c'est souvent la phot o pellicules si c'est raté. Et c'est important, l'image.
Pour ne pas déclencher la panique en l'abordant avec un jovial "Tu me plais, Nikon", je lui ai demandé : "Tu viens de l'Olympe, puce?"
"ASA non! Je viens du Fuji", me répondit-elle. "Et voici ma chienne, Leica".
Un peu magicienne avec ses habits noirs et blancs, elle me dit de ne pas bouger, qu'elle devait me révéler quelque chose. Sur le sol, Ciba, elle traça un Pentax-le , y plaça quelques lentilles et de la poudre.
Dans la lumière jaune, elle écrivit quelques lettres, un Sigma peut-être. Pour moi, tout était flou. Mon diaphragme se tordait en attendant.
Puis, le magnésium fit une grande lumière.
Le procédé était très Angénieux. J'étais un peu Sony, mais ensuite, tout est devenu net.
Comme je la sentais sensible, je lui ai dit : "Sois mon modèle et mon amie, Nolta!"
J'ai été vite fixé. Le pied ! Notre relation s'est développée. Elle devrait encore s'agrandir.
Nos papiers étant en règle, la frontière fut vite passée.
Quel contraste ! Le décor était magnifique. Sans retardateur, nous avons Rollei à toute vitesse. Une voiture, Ilford qu'elle roule. Enfin, pas comme sur un carrousel et sans excès à cause des flashes. L'argent doit rester sur le film, pas se retrouver dans la poche de l'état.
A la radio, ils passaient "Juste une mise au point". Vers midi, il y avait trop de soleil, nous avons fait une pause. Pour accompagner le repas macro-biotique, nous avons bu un nectar. Mmmmmmh, Kelvin! Quelle couleur ! Nous avons pris un café filtre pour terminer.
Comme c'était au bord d'une rivière, on s'est offert un bain d'arrêt. Avec quelques cailloux, on a fait de Ricoh-chets. On attendait le petit oiseau, mais c'est une poule, poursuivie par Paula (roïd) qui s'enfuit en criant kot-kot-kodaaaak !
En fin de soirée, on s'est fixés dans un beau cadre, avec une vue grand angle.
En arrivant dans le studio, comme il n'y avait pas la télé, elle m'a regardé d'un air Cokin en m'entrainant dans la chambre noire. Pour la suite, vous comprendrez que j'abaisse le rideau.
Bernard VAN POUCKE. Reproduction interdite.